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La Prise du Rocher du Diamant : His Majesty's sloop of war

Si le Diamant est avant tout connu pour son immense plage de sable blanc, il reste un lieu chargé d’histoire.
Les Indiens Arawaks sont les premiers à y habiter au IV ième siècle et sont ensuite décimés et remplacés par les Indiens Caraïbes, redoutables guerriers au X ième siècle.
Les colons français s’y installent finalement à la fin du XVIII ième siècle.

Dans l’arc antillais, la Martinique est surtout connue pour son volcan destructeur, la Montagne Pelée, mais au sud de l’île, face au village du Diamant, se dresse un autre témoin du volcanisme explosif : un piton rocheux haut de 175 mètres et de 300 mètres de diamètre : le Rocher du Diamant. Il doit son nom à sa forme en pointe biseautée et aux reflets des parois à certaines heures ‘évoquant ceux d’une pierre précieuse.

Ce petit rocher, couvert de broussailles et de cactées, difficilement accessible, a pourtant joué un grand rôle stratégique durant les guerres franco-anglaises, avant de devenir un site naturel protégé et l’un des plus beaux spots de plongée de la Martinique.

Mais plongeons-nous dans son histoire militaire…
En 1992, Raymond Cottrell dévoile la vision anglaise de cet épisode historique.

Descendant de Joseph Cottrell, commandant de la place de Fort de France quand la Martinique était anglaise de 1794 à 1802, et du major Boyer qui mena la bataille de juin 1805, il avait coutume de dire que le Rocher du Diamant faisait partie de sa famille. Il a organisé de nombreuses expéditions, l’escaladant régulièrement afin de connaître tous ses recoins et son histoire, vue du côté français, mais aussi anglais, celui dont on ne parle jamais ….

Seize mois d 'occupation anglaise sur le rocher du Diamant

Au début du 19 ième siècle, la France et l’Angleterre se font la guerre pour le contrôle de l’arc caribéen et du canal de Sainte Lucie.
De janvier 1804 à juin 1805, le Rocher du Diamant sera occupé par les Anglais.

Aux mains de ceux-ci, il devient un véritable poste d’observation capable d’intercepter toute la navigation française de cette colonie, et d’en signaler impunément tous les mouvements.
Bien entendu, Napoléon fait de la capture du rocher une priorité. Une occupation insultante que les Français jugent inadmissible et à laquelle le gouverneur Villaret-Joyeuse décide de mettre fin.

C’est finalement la flotte de l’amiral de Villeneuve qui mène la bataille pour la reconquête du Rocher du Diamant.

Petite anecdote assez amusante : « les Anglais considéraient le rocher comme un bâtiment de la Royal Navy. Dès lors, la tradition voulait qu’à chaque fois qu’un vaisseau britannique passait au large, il tirait un coup de canon afin de saluer le rocher appelé His Majesty’s Sloop-of-War Diamond Rock ».

Le rocher est encore aujourd’hui français. De cette épopée militaire, ne subsistent aujourd’hui que les ruines d’un hôpital.

Un blocus emblématique

Rompant la paix d’Amiens de 1802, les Anglais envahissent Sainte Lucie en juillet 1803. Un mois avant, ils avaient organisé le blocus de la Martinique. Cette opération avait le désavantage d’être aléatoire(en cas de tempête, les bateaux devaient retourner à Sainte Lucie) et coûteuse en navires.

Le chef des forces anglaises, l’amiral Samuel Hood, décide donc d’envahir le Rocher du Diamant et de l’organiser comme un navire de guerre, chargé du blocus;

Seul un homme, le lieutenant James Maurice, est capable de mener à bien l’expédition (escalader les 185 mètres du Rocher) et surtout commander cet original bateau de la couronne britannique ; James Maurice a 38 ans, est passionné de montagne et est désigné comme volontaire.

L’installation des forces et du matériel prendront 4 jours. Et quand le 10 janvier 1804 le commandant Hood hissera l’Union Jack au sommet du désormais « His Majesty’s sloop of war Diamond Rock « aucun mouvement hostile ne sera remarqué du côté français.

Ils n’ont pas compris la manœuvre anglaise et surtout sont à mille lieux d’imaginer que l’on puisse tirer un profit stratégique de cette excroissance volcanique.

Enfin, en Martinique, le gouverneur Louis Thomas de Villaret-Joyeuse pense que les Anglais veulent installer un hôpital sur le Rocher du Diamant. Son premier rapport à l’amiral Decrès, ministre de la Marine, au sujet de l’occupation du rocher commence en ces termes : »Citoyen ministre, le Commodore Hood connaît les faiblesses de nos défenses, il établit un hôpital sur le rocher du Diamant auprès duquel il est à l’ancre pour diriger les opérations de sa division navale…. »

L’hôpital en question comprend en autres trois canons de 18, deux batteries dont une est équipée d’un canon de 24 (la Batterie Hood) et de 107 militaires.

Sur le Rocher, tout est organisé pour que, selon les dires du Commodore Hood, « trente soldats, armés de fusils pourraient contenir 10.000 hommes ».

Sur le rocher, la vie s’organise. Pour l’eau, une cuve de 12.000 litres et des barriques en réserve ; pour le ravitaillement, un système de poulie permettant aux navires venant de Sainte Lucie de débarquer au rocher et le blocus effectif cette fois.

Aux mains des Anglais, le rocher devient un véritable poste d’observation capabled ‘intercepter toute la navigation française de cette colonie, et d’en signaler impunémént tous les mouvements.

178 canons et 1500 hommes

Bien entendu, Napoléon fait de la capture du rocher une priorité. Une occupation insultante que les Français jugent inadmissible et à laquelle le gouverneur Villaret-Joyeuse décide de mettre fin.

Et c’est la flotte de l’amiral de Villeneuve qui mène la bataille pour la reconquête du Rocher du Diamant. Le 27 mai 1805, l’attaque française commence : cinq navires ayant une puissance de feu de 178 canons, une force de débarquement de 1500 hommes.
Coté anglais, 107 hommes perchés sur un rocher inaccessible et disposant de vivres pour un mois, en principe.

Pendant trois jours, la bataille fera rage …. Mais le rocher demeurant inexpugnable, l’issue du combat tiendra à une malchance anglaise.

À la limite, une plaisanterie macabre : le commandant Maurice, découvre que sa citerne de 12.000 litres est percée et qu’il ne dispose que de 48 heures de vivres.
Et c’est le manque d’eau et de munitions qui feront capituler « l’équipage » du« His Majesty ‘s Sloop of War Diamond Rock » le 1er juin 1805.

Cette reddition glorieuse vaudra au capitaine Maurice les honneurs de l’armée française, mais la cour martiale du côté anglais :bravoure d’un côté, manque de pugnacité de l’autre.

Les 17 gravures historiques du Rocher

Les représentations du Rocher du Diamant au cours de son occupation anglaise forment une collection de 17 gravures datant du début du XIX° siècle.
Elles ne sont pas l’œuvre d’un artiste, mais la réalisation d’un envoyé de l’ancêtre de la Croix Rouge. Cet homme, que l’on dit d’origine suédoise, avait pour mission d’enquêter sur la manière dont les blessés de guerre étaient traités.

Doué d’un certain talent, il représentera l’installation anglaise, l’organisation de la vie quotidienne et la bataille de juin 1805, ce du côté anglais.
Il faut dire qu’il avait séjourné plus d’un mois sur ce rocher.
Cette collection rare et instructive est désormais la propriété des archives départementales de la Martinique.

His Majesty’s Sloop-of-War Diamond Rock

Petite anecdote assez amusante : les Anglais considéraient le rocher comme un bâtiment de la Royal Navy. Dés lors, la tradition voulait qu’à chaque fois qu’un vaisseau britannique passe au large, il tire un coup de canon afin de saluer His Majesty’s Sloop-of-War Diamond Rock.
Le rocher est encore aujourd’hui Français. De cette épopée militaire, ne subsistent aujourd’hui que les ruines d’un hôpital.

Faune et Flore

Un refuge imprenable pour la faune et la flore. Depuis 1994, le site est géré par le Conversatoire du Littoral et est devenu un site protégé où seuls des scientifiques sont autorisés à accoster. Il abrite les dernières couleuvres Couresse et sert de domaine de reproduction et de repos pour les oiseaux marins.
Par son inaccessibilité, le Rocher du Diamant est un site particulièrement propice à la reproduction des oiseaux marins.

Le phaéton à bec rouge, la sterne bridée et le noddi brun y nichent ;les fous bruns s’y regroupent…. On estime qu’un millier d’oiseaux marins fréquentent le rocher, dont plus de 300 couples nicheurs.

Une multitude d’animaux peuple le Rocher. Certains sont très rares, comme le crabe Gécarcinus ruricola, on le rencontre qu’en zone très sêche. Par contre d’autres sont bien plus familiers.

Il existe une variété de lézards : Les anolis roquet, de couleur brunâtre, ils se confondent parfaitement avec les pierres et les branches.
Autrefois on trouvait des couleuvres inoffensives appelées couresses.

Les grottes du Rocher, abritent une chauve-souris appelée Brachyphylle des cavernes, existant qu’aux petites Antilles, elle a un museau en forme de groin ce qui leur vaut le surnom de chauve souris à têtes de cochon. Elles se nourissent de nectar et de fruits et jouent un rôle très important de pollinisation des arbres des forêts sèches (notamment : le fromager et le courbaril) dans les disséminations des graines.

La végétation sur le Rocher est essentiellement constituée de cactus cierges, car le sol présent est pierreux et très superficiel, presqu’incapable de retenir l’eau.

Pour économiser cette ressource, de nombreuses plantes ont adopté une forme arbustive.
Certaines espèces développent de véritables stratégies pour stocker l’eau, c’est le cas des cactus. Ils parviennent à gorger leurs tissus d’eau, mais en plus leur tige est spécialement conçue pour se gonfler et se rétracter selon la qualité de liquide qu’ils emmagasinent.

L'influence des vents marins

La végétation a beau réussir à s’adapter à toutes sortes de facteurs cela affecte parfois sa morphologie. Les vents marins amènent souvent les plantes à pousser d’un seul côté parce que le sel des embruns freine la croissance des bourgeons situés face au vent.
Quatre espèces des milieux secs et ensoleillés en plus des cactus cierges prédominent sur l’îlet :

  • Le Poirier (Tabebula heterophylla) avec ses fleurs roses pâles.
  • Une liane appelée : Bois couleuvre (Capparis Flexuosa) et de façon éparse, des Figuiers maudits (ficus Citrifolia) qui s’agrippent également aux parois grâce à leurs puissantes racines. En raison de son isolement, il se peut que le rocher abrite des plantes encore inconnues. Les conditions très particulières qui y règnent pourraient en effet avoir amené la Flore à évoluer jusqu’à donner naissance à de nouvelles espèces
  • Le Frangipanier blanc (plumerie alba) avec ses fleurs blanches parfumées.
  • Les Cactus cierges : Les cactus ont trouvé une technique encore plus radicale pour freiner la transpiration : ils sont tout simplement dépourvus de feuilles : on observe une régression, jusqu’à devenir des épines.

Il est interdit d’y accoster, mais les plongeurs confirmés viennent explorer les fonds à son pied où la faune est abondante malgré les courants :
barracudas, bécunes et tortues vertes…
Ses eaux limpides, ses grottes sous-marines, ses failles et ses coraux en font un des meilleurs sites de plongée de l’île.

La végétation de paroi

Pour la végétation de paroi, une contrainte suplémentaire se pose: pouvoir trouver un moyen de se fixer au sol. Certaines plantes ont résolu le problème en développant de petits crampons sur leurs racines.